Crépuscule

Crépuscule

mercredi 11 août 2010

Crépuscule : l'influence du butoh (butô)



L’inspiration principale pour l’aspect des créatures et leur langage corporel vient du théâtre dansé; essentiellement le butoh japonais avec ses poses, ses mouvements secs et sa simplicité visuelle déconcertante. Ainsi, les Êtres sont blancs craies (la «couleur du rien»), nus, sans sexes, sans poils et androgynes. L'idée principale derrière ce choix est de faire des Êtres des «créatures poétiques».

Voici une définition du butoh : «Butoh has a primordial quality. It is a dark. It is generated somewhere in the lower strata of the subconscious, in the murky areas of personal prehistory. Memory is its source. Its etymology refers specifically to dance through the character bu. Buyoh is the neutral word for dance, but it has a sense of jumping or leaping, whereas toh implies a stomping. (…) Hijikata’s dance was litteraly called Ankoku Butoh, meaning black or dark dance. The darkness referred to elements – the territory of taboo, the forbidden zones – on which light had never been cast.» (HOLBORN, Mark, «Tatsumi Hijikata and the origins of butoh», Butoh : Dance of the Dark Soul, Aperture, New York, 1987, page 8.)

Généralement, les mouvements du butoh sont découpés en phases ponctuées de pauses (comme l’animation image par image qui procède par décomposition du mouvement en 24 images) afin de concentrer l’attention du spectateur sur chaque action, effet de lumière ou son. Dans Crépuscule, les créatures appréhendent le monde par le corps comme un danseur de butoh, c’est-à-dire qu’elles « (…) experience their bodies as children, touching, feeling, exploring, and reacting to light.» (Mark Holborn, p. 14) Cela implique donc une préséance du corps sur le regard. Tel le butoh, le langage devient naturellement corporel.

Un rythme différent dans l’exécution des mouvements correspondra aux divers états émotionnels des créatures. D’abord lents et lourds, leurs corps s’assouplissent au contact du couple d’êtres humains. Peu à peu, ils reprennent possession de leurs enveloppes charnelles enracinées symboliquement et littéralement dans l’attente. La découverte et le désir guident leurs actions et, selon l’objectif principal du butoh, illuminent une «zone de noirceur» de l’âme humaine.

Pour donner l’impression que les créatures sont identiques, des caractéristiques humaines précises sont reproduites lors de la construction des marionnettes. Nous nous concentrerons sur un seul sexe afin que les traits du visage et la charpente des corps soient similaires. Les marionnettes des films d’animation image par image du japonais Kihachiro Kawamoto (The Demon (1970) en tête) avec leurs visages inexpressifs fortement inspirés du théâtre nippon sont des références majeures dans la conception des créatures, leurs mouvements (par exemple le soulèvement de la poitrine lors de la respiration pour augmenter le réalisme dans The Demon) et particulièrement leurs visages. Les émotions des créatures sont exprimées à travers leurs traits simples et figés ainsi qu’un éclairage rasant comme dans les films de Patrick Bouchard (dont Révérence (2007) à l’intérieur duquel les marionnettes n’ont qu’un visage tout au long du film). Encore une fois, le langage corporel doit traduire les états d’âme des créatures.

Ci-dessous, des images tirées de pièces butoh sont présentées en parallèle avec les conceptions des créatures :












Des images des créatures / marionnettes finales seront mises en ligne dans une entrée ultérieure qui portera sur la sculpture et le moulage!

À bientôt,

Éric F.

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