Crépuscule

Crépuscule

lundi 23 août 2010

Le décor : le décor final (partie 3)

Le décor est finalement terminé! Il est prêt à être révélé et exploré sous tous ses angles par la caméra! Mais quels sont les thèmes, concepts et idées derrière l'esthétique et la construction du décor?

Tout le film est construit sur des oppositions : la vie et la mort, les corps sexués et asexués, les créatures et les humains, la forêt et la clairière, le sec et l’humide, le calme et la violence, la pluie et le sang, etc. Par conséquent, la direction artistique est très importante dans le projet puisque la forêt est directement liée aux créatures et est un personnage en soi. Le paysage est automnal et les éléments du décor se devaient de refléter cet état. Les arbres sont rabougris, décharnés. Il y n’y a pas de feuilles sauf sur le sol de la forêt. Le sol de la clairière est boueux, brunâtre, organique. L'idée est d'avoir un sol texturé et réaliste.

Les arbres servent également de correspondance visuelle au corps des personnages. Les arbres de la forêt sont minces, décharnés, blancs et nombreux comme les êtres qui y vivent, qui s’y fondent et s’y retranchent tandis que l’arbre au centre de la clairière appartient au monde des humains, du plaisir, de la chair. Cet arbre est en fait l’amalgame de deux arbres qui se tordent l’un sur l’autre en référence au corps des humains entremêlés lors de l’acte sexuel.

À l’exception de l’arbre principal modelé en plasticine et en plâtre, nous avons utilisé de vraies branches d’arbres pour construire la forêt afin de mettre en valeur la texture réelle des arbres afin de souligner la matérialité des objets et d'évoquer l'idée de la corporalité. En somme, il s'agissait d’éveiller la sensibilité tactile du spectateur. Les branches sont recouvertes d’une peinture blanche proche de la couleur des créatures. Le sol est recouvert de mousse, de terre, de feuilles (du persil haché en fait!) et de lichen. Le sol de la clairière est un mélange de terre (de la tourbe) et de Klean Klay (une glaise de couleur brune qui ressemble à de la pâte à modeler et qui est utilisée en animation).

Comme l’animateur tchèque Jan Svankmajer, l’une des traces de la matérialité s’exprimera via la présence de l’animateur (pensons ici à son film Possibilités du dialogue). Puisque les créatures s’apparentent fortement à des anges (au sens chrétien du terme de par le récit et leur apparence identique), leur créateur (l’animateur) sera visible par le biais de subtiles marques sur le sol de la clairière (dans la Klean Klay). Cet aspect conférera un deuxième sens au film par le biais de l’opposition créature/créateur; opposition au cœur même du cinéma d’animation, mais aussi de plusieurs récits mythiques. Il est évident que les frères Quay et Jan Svankmajer seront des influences majeures dans cette recherche visuelle des «traces de l’animateur/Dieu.»

Merci à Simon Beaupré, Josée Courtemanche, Véronique Dumas, Cathy Falardeau, Marie-Josée Lamontagne, Marc-Antoine Pruneau Réhel, Maude Rocheleau-Lacouture et François Sauvé pour leur aide lors de l'élaboration et de la construction des décors.







































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